Décimation

Publié le 25 août 2016

Je porte ce billet depuis quelque temps. Me demandant quand je l’écrirais. Alors pourquoi pas à l’heure la plus chaude de cette chaude journée ?

Lorsque l’après-midi décline, que la terre et les bétons des bâtiments rendent la chaleur forcée des rayons brûlants.

Cette heure étouffante avant un rafraîchissement qu’on attend pour revivre.

Pourquoi pas ?

Quatre personnes de ma famille, et plus spécifiquement de mon nom, sont mortes en relativement peu de temps. En quatre ans exactement, mais les trois dernières en quelques mois.

Étant donné que ce nom nous a été donné par un gars de l’assistance publique, nous sommes peu nombreux, moins que dans une famille sans ce cul-de-sac. D’où, ici, un sentiment de décimation. Je ne peux pas dire que le chagrin soit absolument insurmontable, que la tristesse soit accablante. Non, après les violences premières, le deuil se fait relativement tranquillement. Oui. C’est un peu cruel, mais les vivants avancent plus vite que les morts…

Mais, la succession étrange, le rapprochement, a suscité un insidieux sentiment de décimation.  Évidemment pas aussi violent qu’un accident de la route, drame qui éradique parfois une famille, mais quelque chose de l’ordre d’une petite fin du monde, d’un monde, au moins d’un univers mental. Oui, décimation, le mot m’est venu, je ne sais plus quand au cœur de cet été. Il décrivait, un peu exagéré, un sentiment.

J’entends encore mon grand-père en 2002, si fier d’avoir produit, à deux et en partant de rien (de son point de vue), un grouillement de petits enfants produisant des arrières-petits-enfants, et arrière-arrière… et là, à la suite de sa mort, une chronologie traumatique, car ce couple fondateur aura vécu vingt ans plus vieux que deux de ses enfants.

Bon, je trouve tout ça parfaitement normal. Il est normal qu’en vieillissant soi-même, les morts s’accumulent.  Parfaitement normal. Ce que dit ma raison.

Mais voilà, la succession, là et la mort de mon père, pourtant annoncé par une maladie qui ne pardonne rien, a planté profond la graine de ce sentiment de décimation qui m’accompagne et me colle à la peau comme la transpiration des jours trop chauds…

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