Encore un très beau livre proposé/concocté par Philippe Ghielmetti : « Deux manches et la Belle » du cartoonist Milt Gross, 1930, un roman graphique plus pur que « Papier tue-mouche » de Hans Hillmann, car récit totalement visuel, sans le support de l’écrit (autre que les signalétiques des décors), avec ce graphisme cartoon US du début du XXe, sec et nerveux, très nerveux, suffisamment expressif et grotesque pour porter à lui seul la narration complexe d’un mélo typique des films muets de l’époque (encore que, 27-28 le parlant, c’est déjà un hommage à un genre finissant !).
Esthétiquement, c’est pas Herriman mais c’est chouette quand même et si virtuose, si drôle, si speed et si bordélique qu’il est impossible de ne pas s’y laisser entraîner. Et ça se finit bien, contre toute attente ! Vraiment, une pure réjouissance d’une habilité narrative diabolique, qui, comme le fait remarquer Joost Swarte dans la préface, peut aussi bien soutenir une pédagogie que remettre en question quelques théories sémiologiques. Juste un chef-d’œuvre du genre dans un écrin parfait signé Ghielmetti.
Mon billet sur le précédent roman graphique édité par Philippe Ghielmetti et la Table Ronde :