« Je me souviens, j’étais petite, et ma mère se battait avec un poulpe »
Je m’amuse à répéter plusieurs fois cette phrase de Sophie, volontairement tronquée, abusivement arrachée à son contexte. Elle s’en offusque, où surjoue l’offusquée :
« Mais il était très gros, ce poulpe, sa tête était au moins comme ça ! »
« trop tard, j’ai mémorisé ta phrase pour l’éternité »
Plus loin,
Je relève la tête, sortant d’une torpeur comme seule une brise fraîche d’été en fabrique. Je glisse les yeux sur le mur de livres, au fond du salon. Ce qui me vient est « à quoi bon ? David a raison », mais mon àquoibonisme embrasse tout, au-delà des réseaux numériques.
Mais ça ne dure qu’une seconde. Grâce à une petite table ronde de la couleur de la plante étrange et toxique dont j’ai oublié le nom, j’ai retrouvé le chemin du clavier quotidien. La tête à l’air, à la lumière, le regard oscillant du paysage à l’écran, doucement, doucement, accepter le calme après les tempêtes.