Bien. Dont acte. Je suis disloqué. Éparse, ce qui m’appartient, comme autant de membres fantômes, gît loin de moi, ce moi incertain du manque de substance, ne laissant à moi qu’une gêne sourde. Dire qu’on entend qu’internet est confusion ! Que dire alors du salariat, de cet esclavage moderne qui disloque et broie, qui arrache, qui avale, qui déchire tout ce qui tombe sous sa dent. Ce regard hésitant, légèrement hagard, de l’indice du stress chez le salarié commun. Ces soupirs trop profonds, pour tenter de reprendre son souffle, du dos harassé, de l’abandon au déferlement des tâches, de l’énervement qui rend injuste, des larmes qui montent, concluant l’humiliation.
Bien. Dont acte. On arrête. On retrouve un centre. On se souvient de soi. On récupère vite les morceaux les plus proches, on focalise sur quelques qualités restantes, on rentre loin, ou profond plutôt, ce qui est précieux, on s’aventure, retrouvant son assurance, plus loin, pour rassembler plus large, on hume l’air, on prend la lumière en face, on se recentre sur sa poésie spécifique, retrouver son rythme, sa pulsation, enfin, sa respiration, comme une huître, on emballe de haine nacrée les agressions encore blessantes, on serre les poings. Voilà, lorsque tu te retrouves dans ce lieu de toi ou tu peux rire du monde. Le soap est dompté, balayé d’un revers de main. Tu as retrouvé tes amis morts, quelques survivants, tu as rouvert Virgile au petit matin. Quel plaisir ! Quel plaisir retrouvé !