Et rien. Eh oui !
Parce que, si les choses étaient logiques, quand il se passe une coïncidence, ça devrait être naturel, comme ça devrait être. Mais la vie, c’est pas comme ça. La vie, c’est un imbroglio inextricable de liens de merde. La vie, c’est des vies différentes, avec des gens différents, avec des rapports différents, avec des familles, des amis, des habitudes, des agendas, et des liens internes, mentaux, des réticences, des croyances, des interdits moraux, des changements d’humeur…
Et donc rien.
Les vies continuent, sur la lancée, sur l’inertie, sur la mécanique interne des choses antérieures.
Alors rien. Sauf que ça marche moins bien, ce qui était léger devient lourd, ce qui était normal devient tordu, ce qui coulait de source ne coule plus de source… Parce qu’on ne peut pas faire comme si. Enfin, pour être exacte, on fait comme si. Mais on s’invente des histoires. Et ça marche comme ça peut. Sauf que. Alors, ça va rouler comme ça, avec la patte qui traine maintenant, avec les regards en coin, furtifs, avec les sous-entendus, et surtout, avec la recherche perpétuelle de l’occasion, de l’occasion d’être avec elle, de préférence sans « les autres ».
ça n’existe pas, un gars si sur de lui, qui ne sait même pas qu’elle le trompe déjà depuis toujours, et qui trouve normal qu’un pote parte avec elle un soir sur deux pour « boire un coup en ville »… ça existe pas, d’être narcissique à ce point ! Et certains commencent à s’en rendre compte. Que moins attentif, que l’œil fuyant, que ne se concentre plus… Et, « ils sont tout le temps ensemble ». Et ils « s’entendent bien », avec le ton qu’il faut, avec la charge d’ambiguïté bien crade. Comme c’est compliqué, on va se saouler ensemble, parce que ça désinhibe. C’est là qu’elle va me raconter, sa vie, ses jours, ses nuits, ses amants, tout.