Hier, j’écoutais Nina Simone

Publié le 31 mars 2013

Je ne l’entendais pas vraiment. Tout à mes ronchonages. Je flaire l’air comme une bête. Hum… Je suis connecté. C’est si étrange. J’ai cru être détaché, pendant deux semaines, et puis non, je suis toujours connecté. Un jour je raconterais peut-être, ces histoires télépathiques, comme un conte ancien de magie grise.

D’un souvenir à l’autre, je glisse. N’inscris pas tout. Je me demande pourquoi je suis si attaché aux ratages plutôt qu’aux réussites. Et plus encore, ma tendresse infinie pour les minuscules tensions érotiques, les évanescences, les effluves indécis. Je ne sais pas. De mes fiascos, j’ai glissé mentalement à des souvenirs émouvants, comme cette grande fille déjà très formée, amie de ma sœur, que nous avions embarqué aux sports d’hiver. Rien pendant ces vacances. Mais en rentrant, nous étions donc fatigués, à l’arrière de la voiture, et avons fini par nous endormir l’un contre l’autre, et j’ai encore le souvenir de mon nez dans ses longs cheveux châtain, volupté sans fin, ou plutôt comme pour la première fois j’espérais qu’on n’arrive jamais !

Et celui-ci glisse vers un autre, plusieurs années plus tard, j’ai 18 ans et je m’engueule avec le gars qui nous ramène de Corse en bagnole (oui, en bagnole), et dans cette garrigue, je finis par hurler « arrête la voiture ! » et je descends. Un autre, celui que je connais le moins, descend à ma suite, et me dit « je ne reste pas avec ce gars, je préfère me casser avec toi ! » C’était un Kabyle aux yeux verts que tous prenaient pour un Antillais et qui tombait d’un regard. On s’est retrouvé sur le bord d’une route de campagne. Nous avons compté notre argent. Peu. Nous avions aussi un paquet de petits-beurre que les fourmis avaient bouffé le lendemain… (dormi dans le fossé). Le matin, marché jusqu’à un village, pris un bus, retrouvé Marseille et demandé le billet pour le plus près de chez moi avec l’argent qui nous restait. Je crois qu’on s’est retrouvé à Montauban, dans la gare de Montauban, la nuit, et au matin, nous sommes rentrés à pied et en stop. Autre aventure. Donc, nous avons pris le train à Marseille, nous nous sommes retrouvés avec deux filles. Donc, deux jeunes gars de 18 ans et deux filles peut-être étudiantes. Et encore, on était tous crevés. C’est génial, la fatigue ! Et sur ces banquettes infâmes, il a fallu se rendre à l’évidence que nos corps ne trouvaient aucun confort. Alors, par couple improvisé, sans aucun mot échangé, nous avons trouvé le moyen de rendre le sommeil confortable, comme des animaux qui se réchauffent, qui se blottissent, qui se lovent. Juste. Rien de plus. Comme ça. Une merveille. Et « au revoir » qui était un adieu à la fin. C’est tout.

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