Jérôme Garcin contre l’amnésie

Publié le 18 novembre 2024

« Des mots et des actes », petit livre rapide, acte rapide, rapide passage en revue de quelques écrivains français et de ce que la Deuxième Guerre mondiale (et ses prémices) leur a fait, ou fait faire, ou fait taire.


On se souvient au passage, grosso modo, que les bons sont morts en héros ou en victimes, et que les narcissiques, les lâches et les connards ont très bien survécus et nous ont même empoisonnés la fin du siècle dernier en contaminant et manipulant le monde des lettres d’après guerre, en sélectionnant soigneusement ce qu’on réédite (parfois en Quarto ou Pléiade, rien que ça !) ou pas, et en programmant la puanteur actuelle. Tout ça, l’histoire des lettres françaises au XXe, n’est pas propre, et interroge le goût commun et facile, en France, pour les écrivains salopards, qui, sous couvert de verdure ou d’outrance forcée, de joliesse d’expression (apprise dans les lycées catholiques), ou enfin de jouissance narcissiques, déroulent tranquilles un joli programme politique.
Le livre évoque comment ils s’entre-soutiennent pour laisser passer la tempête progressiste née du trauma de la guerre et de la Shoah (simple sujet à blague). Oui, il n’y a pas de littérature apolitique. Aucun acte esthétique ne l’est. Et en la matière, la notion même d’apolitisme est marquée politiquement. Impossible d’en sortir, et impossible de ne pas avoir une lecture politique des goûts. 

Petit livre, donc, rapide, mais salvateur, qui rappelle au milieu des polémiques piégées actuelles sur la liberté d’expression (du fascisme), que le goût est programmatique, et que le style, performatif, sert aussi à tuer.

Voilà qui vient résonner avec l’inflexion actuelle de mes lectures (actualité comme rayon vieilleries).

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