Mai Li Bernard m’a prêté ses livres de Paul Cox. Je les feuillette avec plaisir, entre rafraîchissement et petit pincement mélancolique. Ces livres d’images me revoient loin en arrière. À l’origine de la formation de mon goût, il y avait eu la découverte du Bauhaus, par un livre qu’on m’avait offert, et dans un même temps, du graphisme et des affichistes. Je découvrais la notion même « d’arts appliqués » par un ami qui les enseignait, et tout devenait à la fois plus riche et plus simple. Tout ça avait en commun l’art de la synthèse. Je retrouve tout ça chez Paul Cox, aussi frais qu’aux jours de mon adolescence, un sens de la couleur extrêmement rare, l’évidence des formes simple et ce goût pour le vrai dessin, le dessin brut, qui ne m’a jamais quitté, celui qui m’avait fait fuir un monde visuel étriqué pour me plonger dans l’océan de la mode. Cette fraîcheur de l’ancienne modernité, cette limpidité, cette aspiration à la lumière pour tous, je ne pensais plus la trouver, dans notre époque salement « post », abandonné aux pulsions réactionnaires et féodales.
Joyeuse quincaillerie de Paul Cox
Publié le 27 décembre 2019