Je suis dans mon atelier, seul, au calme. La porte est ouverte sur le couloir silencieux. j’ouvre la fenêtre, pour laisser entrer le bruit de la rue. Le bruit de la circulation. Je me lève régulièrement et me penche dehors. Je regarde cette minuscule part du monde. Activité ancestrale, vieille comme les fenêtres. Personne ne se dit jamais que la fenêtre a eu une « invention », son moment zéro, qui vient peut-être longtemps après le « mur ». Mais c’est un objet technologique d’une importance considérable. Qui mesure l’incidence de la fenêtre sur les modes de vie et sur la culture humaine ? Sur la peinture, c’est documenté, mais sur l’ensemble de la culture ? La roue, c’est bien, mais la fenêtre, c’est pas mal non plus ! Si tu enlèves la fenêtre, toute la littérature antérieure au téléphone portable s’effondre ! (Pour dire : si tu enlèves le téléphone portable toute la fiction contemporaine s’effondre)
voilà. Voilà comment je reviens à l’écriture par la fenêtre. Juste en observant les voitures, en tentant de capter des choses infimes sur la vie des conducteurs, en observant le va-et-vient des clients du bar au coin de la place, ceux qui stagnent sur la terrasse en bois, et mes quelques camarades qui passent dans un sens ou dans l’autre, qui vont faire leurs courses au marché ou qui traversent dangereusement.
Oui, il est temps de revenir écrire ici.