Un moment que je voulais lire ce livre de Thomas Gosselin & Giacomo Nanni, me demandant ce qu’ils avaient bien pu faire de ce sujet morbide : les derniers jours de Charles J. Whitman, (1941-1966) l’un des premiers tueurs de masses des USA. J’ai été surpris, et par le traitement graphique, et par l’ensemble. Le minimalisme du dessin, quasi exsangue, est heureusement contrecarré par un jeu de trames acidulées ou de gris colorés, très en vogue par l’esthétique de la risographie. Mais ce qui m’a frappé dès les premières pages, c’est la grande qualité de l’écriture, et au bout, une certaine perfection de la mise en scène qui offre la distance nécessaire, ni trop détachée, ni trop obscène, au déroulement tragique des événements. Je ne suis pas sûr que l’on comprenne encore complètement des mécanismes qui amènent au passage à l’acte, mais personne n’en a fait le tour encore aujourd’hui, et dans ce contexte, apportant leur pierre modeste, Thomas Gosselin & Giacomo Nanni ont réussi un très bon livre sur ce sujet majoritairement endémique (mais pas seulement) et toujours énigmatique.
Les visés, de Thomas Gosselin & Giacomo Nanni aux éditions Cambourakis janvier 2018