Cette nuit, un rêve étrange.
Je cherche quelque chose, ou plutôt « des choses » dans ma bibliothèque.
Mais cette bibliothèque n’est pas ma bibliothèque réelle. C’est une bibliothèque éclatée, répandue sur un territoire assez vaste, constituée de constructions de taille réduite, en bois, comme des hangars, granges ou cabanes, et des terrains accidentés, boueux, mais aussi d’une petite terrasse pavée. Je passe d’un endroit à l’autre, d’un coin à l’autre, d’un recoin à l’autre, m’élevant sur la pointe des pieds, me pliant, me penchant, fouillant pour retrouver, je crois, quelques petits fascicules de poésie illustrée. Le terrain couvert par cette bibliothèque est humide et encombré et je me souille les pieds et les genoux, et même les mains qui s’enduisent de boue et de poussière.
Dans ce rêve, je n’ai pas vraiment perdu ces livres, mais plutôt simplement négligé, comme si j’avais oublié ce rayon là de [ma] bibliothèque [imaginaire].
À la toute fin du rêve, notion insaisissable, j’avance vers le centre de la petite terrasse, vers l’espace d’un carreau de sol manquant. Dans ce carré de terre libre au milieu de cette terrasse bien lisse pousse un arbuste plutôt moche. Je me mets à genoux et au pied du tronc chétif et grisâtre, je récupère un cahier carré richement illustré. C’est à ce moment, dans le rêve, que je formule ce que je cherche : les livres de poésie. Et je me souviens de la conscience réflexive qui me fait remarquer que tous mes livres de poésie [dans le rêve] sont illustrés par des artistes contemporains. Le rêve ne distingue pas la poésie des mots et des images, comme une confusion des genres à la Charles Grivel.