Après tout, ce blog est narcissique, alors revenir à soi, trahir le rêve (l’interpréter donc) pour ne retenir que racine.
Interpréter mes morts, interpréter les photographies anciennes. Se demander, vite, pourquoi j’évite d’écrire ces petites choses.
J’ai lu, dans ces morts récentes, des petites choses de moi brouillée par mon narcissisme.
Une.
Ma grand-mère était si autoritaire qu’elle m’a traumatisé par sa colère lorsque mon père a vidé mes poumons de l’eau sale du fleuve. Un vrai traumatisme qui a eu des implications graves sur mon évolution. À trois ans, de victime (de mon jeune oncle), je devenais coupable. Ensuite, les vacances à la campagne, carcérales, autoritaires, chiantes, sous la surveillance de cette « sale femme sans cœur » à l’accent horrible.
Voilà mon point de vue, obtus, obstiné, maladif, jamais remis en question, sinon par l’âge qui assagit les rancoeurs anciennes.
Ce que les photographies racontent : Une jeune fille qui grandi en période troublée, période tragique où un enfant meurt de peur, d’avoir couru sous la pluie, d’une écharde infectée, ou d’un bombardement… Dans cette période étrange que je ne connaîtrais jamais, moi, enfant des baby-boomers, une jeune fille a perdu un petit frère de la maladie bleue, un grand frère idolâtré qui ne reviendra jamais du front, et une soeur très aimée sous un bombardement aveugle.
Et voilà, ce que je prenais pour de l’autoritarisme maladif était l’expression d’une angoisse profonde, aussi vive que parfaitement réprimée, inexprimée, jamais, celle de la perte.
Elle nous a gardé, excessivement.