Malcolm Lowry sur « Au-dessous du volcan. » : « Bien que l’ouvrage fût considéré par les éditeurs comme « important et intègre », on me suggérait de larges corrections que je répugnais à faire. (Vous eussiez réagi de même si un livre écrit par vous vous avait tourmenté, avait été maintes fois refusé puis récrit.) On me conseillait, entre autres, de supprimer deux ou trois personnages, de réduire à six les douze chapitres, de changer le sujet, par trop pareil à celui du Poison, en un mot, de jeter le livre par la fenêtre, et d’en écrire un autre. »
Je ne sais combien de fois j’ai répété à mes amis, ces dernières années : « n’oubliez pas, les éditeurs ont toujours tords ». Et de leur rappeler les 60 éditeurs, grands professionnels sûrs de posséder un métier, qui ont refusé « la couleur des sentiments » (quoi qu’on en pense), « parce que ça n’intéresserait personne ». 8 millions d’exemplaires vendus la première année et adaptés par Hollywood…
Les exemples sont légions et recoupent à peu près l’histoire des succès dont, au passage, les éditeurs ne sont jamais responsables, mais toujours les premiers bénéficiaires. Il n’y aurait pas de problème si les éditeurs occidentaux, à l’image des Japonais, disaient “on ne sait pas ce qui marche”. Mais non, ils s’entêtent tous à croire qu’ils savent, mieux que l’auteur, ce qui fera un bouquin, et détruisent systématiquement les oeuvres au nom de leur superstition et de leur prétention à être autre chose qu’une banque de prêt.
(Mille exemples sur le fait que c’est encore pire quand l’éditeur est aussi un auteur… Montre que la fonction suppure une connerie spécifique)