Si vieux… Il y a vingt ans, j’ai lu tes livres, quelques-uns, plus même, et j’ai aimé. Une forme d’écrivain américain, en plus douçâtre, avec une tasse de thé de ta vieille mère bordelaise à la main… C’est amusant et cruel, de considérer cette littérature pseudo-française comme un sous-genre exotique ! Rien à voir avec le XVIIIe siècle ni Casanova. Tu parlais et c’était pas mal. Tu commençais déjà à geindre, pas autant que Nabe, mais ça geignait déjà. Tu t’étais déjà pas mal trompé aussi. Sur l’avenir (C’est-à-dire sur aujourd’hui). Je ris parfois en me souvenant de tes prédictions idiotes.
Aujourd’hui, tu es si vieux. Aujourd’hui je ne pourrais plus ouvrir un livre de toi, même le titre, même fermé, la plainte me vrille les oreilles.
Tu passes dans la télévision, et c’est amusant, parce qu’une langue est toujours là, derrière, derrière, des bribes, des parcelles, des trucs encapsulés, comme un collage de toi-même, restes, reliefs, etc. Mais ça marche pas. Ça dit rien. Ça tombe dans le vide. Pas encore aussi pathétique que le dernier Baudrillard, mais pas loin.
En effet, tu es resté de la civilisation du livre bourgeois. L’ancienne, sale et tueuse, allergène.
Je suis de la civilisation du texte.
Adieu
Sébastien Marlair
Mm… Proust était vieux aussi, et bourgeois… Quant à « je suis de la civilisation du texte », c’est aberrant de dire cela au promoteur de Tel Quel…