Cette déception, celle de ne rien ressentir. Je m’en souviens, je me souviens de ce moment lorsque je sors pour la dernière fois de la caserne, de la délivrance attendue, et de rien, de l’anesthésie, du vide, de la déception, alors, de ne rien ressentir, de ne rien ressentir en balance d’une éternité de contrainte. Cette espérance déçue. Que la délivrance soit vide, qu’elle ne soit pas un positif explosif, venant réparer un long et cruel négatif. Seulement un vide, un peu triste, un peu gris, et terriblement mou. Rien. Je me souviens… Je savais donc. Je savais qu’aujourd’hui, ce serait ça. Ce vide. Malgré tout, toute la journée, je me scrute, j’écoute et j’attends, mais rien, évidement. C’est juste une chose terminée. Et derrière, de la vie normale, du temps qui s’égraine mécanique, qui s’en fout, qui s’en fout de moi. Alors, j’ai lavé la voiture, même si je déteste ça, peut-être pour que le négatif dure cette journée encore, que l’espoir survive, que demain, enfin, je me sentirais libéré de quelque chose.
Toute petite fin
Publié le 1 mai 2010