Je ne veux pas que tu m’inventes. Je veux bien que tu m’engueules, je veux bien accepter tes reproches, mais je ne veux pas que tu m’inventes. Je lui disais ça, lorsque ses reproches partaient en vrille, que ça tombait à côté, loin de moi, sans force, parce que les reproches s’adressaient à un être imaginaire, un être que je sentais hybride de son père, de quelques autres mecs, et d’une figure masculine abusive par essence. C’était une chose détestable, que je supportais mal, alors même qu’elle savait très bien que « je n’étais pas comme ça ». Souvent, pour me blesser, elle tentait de projeter des sentiments vils, des motivations basses, qui ne peuvent et ne pourront jamais m’appartenir. Je répondais « Je ne sais pas à qui tu t’adresses ? » ou « Tu imagines que je pense une chose pareille, moi ? Mais ma tête est vide, là, tu vois, vide, jamais je ne penserais une chose aussi bête ! » C’était pourtant si simple, de me faire des reproches. Je n’étais pas exempt de crime. Mais peut-être était-ce aussi une stratégie de ma part, de laisser ces reproches infondés glisser sur mon armure immaculée, de manière à garder mes vraies fautes dans l’ombre.
Vraies fautes
Publié le 14 avril 2013