Ceci est la republication du premier article que j’ai publié sur le Web en juin 1999.
Sur « l’Anthologie historique des lectures érotiques, de Gilgamesh à Saint Just de -2000 à 1790 » de Jean-Jacques Pauvert chez Stock/Spengler 1995.
Les connotations sont parfois lourdes au point de faire rater à certains une expérience incontournable. Mais aucune expérience n’est incontournable pour vivre, non ? On peut toujours en rester là, en rester à ce qu’on est comme ça, dans un instant quelconque, dans un lieu quelconque du monde avec ses sens engourdis et sa culture lacunaire, avec sa grille de lecture poussiéreuse qui nous suffis à savoir, nous semble-t-il, ce que nous somme, ce que nous avons été et ce que nous serons…
Le singe vous dit « pour survivre, oui, mais pour vivre vraiment il est des choses qui sont comme indispensable à l’épanouissement des sens ». Des choses qui élargissent la vision que nous avions de notre histoire. Des choses qui la nettoient des scories de la bêtise et qui, par une perspective cubiste, éclaire l’homme dans ce qu’il a d’universel et de (relativement) éternel. Et donc qui m’éclaire-moi, ici et aujourd’hui. Et ces choses-là ne sont pas si courantes.
Alors quand on ouvre un livre comme ça en s’attendant selon le titre à une anthologie normale, donc une compilation de texte érotiques et que l’on découvre, entre des extraits d’intérêt variable oscillant entre l’ennuyeux, l’amusant, le chef-d’œuvre et la trace archéologique (trois mots d’un poète inconnu…), un texte incroyablement lumineux et passionnant, on se demande si l’anthologie ne vient pas parasité ce texte admirable qu’elle illustre parfois, mais dont elle brouille la lisibilité souvent. Car ce qui devrait être dans une anthologie un arrière-plan, c’est-à-dire le commentaire, est plus admirable ici que la grande majorité des textes compilés. Se glisse entre les rayons de cette impressionnante collection de textes, l’histoire d’une humanité cohérente, sympathique, éternellement moderne et bien loin de son officielle obscurité. Et je vois bien ce que son enseignement a d’insupportable pour la convention puisque Pauvert, loin de son image de Pornocrate, fournit la preuve par l’érudition que la lumière toujours jaillie de l’expression sans frein contre l’enfer de la censure obscurantiste. La culture humaine sur papier bible, édité ici de belle façon est un jaillissement constant du centre des êtres qui n’a rien de transcendantal
Lorsqu’il a ouvert ce livre, le Singe a trouvé sa Bible, c’est-à-dire son histoire et donc les fondements de sa pensée. Mais Bible ne veut pas dire Guide (spirituel) car ce singe pense que tout primate honnête n’a d’autre guide que sa propre voie.
Ce « Pauvert » là est dorénavant un « Classique ». Ouvrez-le pour rencontrer l’humanité.