Encore.
Ces moments où il faut plonger les mains dans ses limons.
Pour construire ma petite entreprise, j’exhume CD et DVD et tombe sur les premières choses que j’ai publiées sur le Web. Et ces choses viennent confirmer, d’une certaine manière, ce blog nouveau. Après tout, le premier site avait un placement clair. Et c’est bien pour ça qu’il s’était fait remarquer. bonobo.net était initialement une petite revue en ligne érotique et grotesque, qui n’était que la concrétisation, en mars 1999, d’un projet antérieur de revue papier tout aussi érotique et grotesque… Et j’avais oublié… J’ai retrouvé cette page d’août 99 qui compilait ces petites choses…
Il y avait ceci dans le code de la page HTML exhumée des archives du Web : « This file created 15/08/99 19:36 by Claris Home Page version 3.0 » |
Le principe du réel plaisir
e suis dans notre tour d’ivoire. Ce soir je la ramone ma queue d’aronde, ma queue d’hirondelle dans son nid Je colle mon nez à la fenêtre, l’air d’y voir En bas s’étale la vallée, la virgule du fleuve, ses îles touffes La cheminée des ruines industrielles perce la masse des feuilles Je vois le nord sfumato jusqu’à la crête aiguë des derniers arbres Les derniers champs Je suis dans notre tour d’ivoire Les stores rayent la lumière du matin Sur les murs extérieurs je vois la suie des insectes thermiques Leurs bruissements montent de toutes les rues S’entremettant dans les sons du frigo Je lèche la vitre sur le contour de l’île, sur la courbe du fleuve Ce soir je la ramone, dans notre tour d’ivoire |
Le ciel nocturne est un vaste cénotaphe
cône de divinités mortes, ses luminaires pointus nous annoncent des multitudes éteintes. Je lève la tête et tous les rayons des souvenirs d’étoiles convergent sur moi. Le convexe de mon œil reçoit la mémoire du concave spatial. À l’autre bout, la naissance du monde. Ici je suis à la place du mort…
Elle conduit, change de vitesse. Je baisse la tête, cassant l’axe et retourne à ramper, frottant mon corps sur le sol. Je suis bas, d’avant le péché, sans membres sous moi pour empêcher mon sexe de s’écorcher à la terre. J’appelle de mes soubresauts des miasmes brûlants. Involuant, mes yeux se bouchent de membranes. Je ne vois plus le ciel. Je ne sens que les cailloux qui déchirent ma verge. Elle dégoutte. Des contractions fibrillaires me fatiguent Je n’avance plus. Mon corps se tord en des cercles dansants. L’air et la terre s’empoisonnent. Des atomes esthésiogènes simplifient mon système nerveux. Chaque piqûre des aspérités minérales explose jusqu’à mon nœud cérébral atrophié. Tendu dans un arc final mes ondes résonnent dans le sol désintégrant sa matière. Mes organes internes fondus en un intestin unique cognent aux parois de ma peau durcie… Elle tient sa moyenne Une dernière impulsion électrique dans son avant-bras. Sa main et ses doigts étranglent fort le gland de mon corps fistulaire Le pu gicle… Elle rit |
Vide
e ne me souviens plus de rien. Plein de mots, phrases… ça sonnait, résonnait, j’en vibrais. J’en suintais. J’ai rien noté. Tout est parti. Rien gardé. ça parlait de nos amours humides et chauds. Je ne me souviens plus de rien… C’était bien et là, amnésique, effrité, je m’effondre lourd au fond vide. Ma main pesante traîne l’encre collante du stylo gris. L’être émacié. Le mot rabougri. Attendre que ça passe |
Vide 2
‘est les moments de vide. Pardon ! De plein de trucs fades. Quoi dire de ces pires temps ? Fatigué nonchalant. Chiasse de moment. Rien d’important. Bah ! Le temps c’est du savon. Rien dans le citron, sieste du caleçon. Y-a que l’estomac qui s’fait du mouron |
Vous
e pourrais crier, supplier… mais rien n’y ferait. L’intérieur de vos têtes reste ailleurs. Et vos caresses n’atteignent pas mon corps. Touchez-moi. Laissez peser ma tête dans le creux de vos paumes. Le grain de votre peau me fascine. Vos effluves me conviennent. Mais la tangente des chairs nous est interdite. Les distances incompressibles, j’ai écrit seul, senti seul. Je me rappelle nos rencontres peut-être. L’être, aveu de moi, est une toute petite chair palpitante. Je voudrais dire le dérisoire de moi et l’aspiration à vous |
lutte
‘est vrai que le tumulte du monde m’assourdit proliférantes les images m’effacent me sauve le silence et la promiscuité les peaux à peaux brève trêve je lutte comme chacun contre le monstrueux contre le hors mon échelle |
J’aime le bruit
‘aime le bruit de la vie j’aime les bruits Juste à coté de moi J’aime ces bruits J’aime le bruit d’elle dans la salle de bain j’aime ses bruits d’eau j’aime tous ses bruits à elle j’aime le bruit qu’elles font ensembles j’aime le bruit d’elles dans la cuisine j’aime le bruissement de leurs conversations dans le salon j’aime le bruit de l’ordinateur, les cliquetis d’elle j’aime le bruit du scanner et de l’imprimante j’aime le bruit d’une conversation téléphonique j’aime le bruit du chat qui mange j’aime aussi le bruit de la fête des voisins j’aime aussi le bruit de la fête dans la ville j’aime le bruit des conversations du bistrot arabe quand je passe devant j’aime le bruit du passage du train et aussi celui des voitures j’aime le bruit, la nuit, des voisins qui claquent des portes et parcourent des couloirs j’aime le bruit des conversations nocturnes j’aime le bruit des portières de voiture qui claque et les bribes de voies j’aime le bruit des fêtes j’aime le bruit des vies j’aime le bruit des mouvements j’aime le bruit des arbres j’aime le bruit des airs j’aime le bruit des eaux j’aime le bruit de l’orage j’aime le bruit des tempêtes |
il arrive que
l arrive que Ma chair se déchire Ma chère se déchire Peu importe les chimies Peu importe les mots vides Ma chair saigne Ma chère saigne |
Anthropophage
Psoas Pectiné Adducteurs… Maelström musculaire Convergence fatale Une appétissante trinité pour anthropophage modéré |
Coït
e lui mords l’aine Glissant je lui presse les fesses. J’enserre. Je plante mon nez et rabote rugueux contre rugueux Grave je prends son centre de gravité. Par là je sens sa masse, le reste de son corps plus léger J’écarte mes mâchoires et tire une langue de bœuf Comme retournant ma gorge J’espère, expirant l’apnée du noyer Je m’infiltre entre ses cuisses Je la tiens là, au cul elle s’ouvrira Remontant lapant j’arpente de la longueur de ma langue Pointant contre ses lèvres encore sèches ma langue en coin de bois les écarte déterrant en haut le clitoris Je bêche fertile Du bout gastronome de ma langue je dénude son oignon et l’encercle J’accélère en pressant plus encore L’obstinée, elle tiendra plus, son pubis se soulève Gravité de sa lune, elle va s’ouvrir… Je redescends ma langue qui s’aventure plus profond Mon nez plonge à sa suite et brasse, mélangeant nos salives différentes Je bois, la serre plus et m’ébroue Affolé par son alcool je la grignote, la dévore… La faim carnassière m’attrape Je la lape du cul au clitoris pour tout prendre Je lutte encore contre ses coups de hanches épileptiques Je n’en peux plus…plus Je l’escalade et viens dissoudre ma bite dans l’acide brûlant de son fond |
Une glace au soupir, S.V.P.
Elle regarde par la fenêtre, à portée de main Je devine son regard sur la ligne Ma main en profite, profiteuse Son pantalon la moule, évocation londonienne Ma main atterrit sur l’arrière de sa cuisse Un petit pas pour l’homme L’autre la ramène avec douceur pendant que la première glisse entre ses jambes « c’est moi ! « oui » tu m’as reconnue ? « oui » (bien sûr) Un bras la ceinture L’autre prend le pubis sans force juste pour sentir la forme glisse sur le textile agréable Elle accompagne mes mains Ses hanches en profitent, profiteuses Son corps sourit Pourtant elle s’éloigne laissant glisser mes doigts sur elle L’espace s’installe comme chez lui l’entre-nous Nos corps s’écartent ne mélangeant plus que nos soupirs |
J’ai tout mon temps
‘ai tout mon temps… |