Quand on mixe l’art de la miniature avec une manière noire plus noire que celle des plus ombrageux des symbolistes, on obtient les étranges trouées sur l’ombre de Jean-Michel Barreaud, petites vignettes qui demandent d’y coller le nez pour deviner les formes et distinguer par un effort paréidolique la scène qui s’y cache, chaude comme un grenier dont la lucarne est au sud. Car cet ombromane de l’aquarelle joue à cache-cache avec des formes parasitées, des êtres ambigus qui hésitent à se former vraiment, à s’extraire d’une poisse d’encre dense comme un brouillard nocturne. Jean-Michel Barreaud, je le sais, a un goût immodéré pour le jeu de mot en légende, cocasse ou même grivois, inversant avec malice le rapport du cul et de la lampe. Ses mémorables légendes sont absentes de cette monographie en cahier, laissant ces petites images célibataires, muettes et d’autant chtoniennes qu’elles semblent osciller entre rêve et cauchemar, éros et thanatos.
« Les riches heures », dessins à l’aquarelle de Jean-Michel Barreaud, aux éditions Marguerite Waknine 2017
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