J’ai retrouvé des fragments de texte de 98, ou 99… L’ensemble intitulé « Le refus ou mon sein surnuméraire ». C’est encore une sorte de prototype de ce site même ouvert en 2006. Comme si j’avais passé dix ans d’essais avant de me lancer. J’y retrouve quelques considérations fumeuses, une langue poéteuse qui m’est presque désagréable, et des souvenirs notés, de ces souvenirs d’enfance radotés qui composent ma mythologie personnelle. Mais à la fin, je trouve l’esquisse d’un compte-rendu d’un épisode plus récent (pour 99). Un épisode de mes premières fréquentations politiques, dans une autre ville, avec d’autres clans…
« Des années plus tard.
Je me fais promener dans une voiture en compagnie de nouveaux abrutis « en campagne ». J’ai bêtement accepté leurs invitations. Ils espèrent encore m’asservir. J’emploie ce terme fort, car c’était exactement le cas. Il est des gens qui ne conçoivent les relations humaines que comme des rapports de dominations. Je ne sais trop pourquoi ils pensent m’utiliser ou au minimum m’embrigader. Ils ont même de l’ambition pour moi. Le service militaire — d’où je reviens juste — n’ayant pas réussi, ces politicards amateurs n’ont aucune chance. Ils ne le savent pas encore et c’est en parfaite confiance qu’ils me traînent avec eux. Je les regarde avec curiosité et amusement. La campagne électorale bat son plein. Avec leurs seaux, leurs colles à tapisserie et leur gros pinceau, ils reniflent les limites de leurs hypothétiques territoires et marquent en bon chien les carrefours et murs d’église de leurs affichettes hideuses. Dans la voiture il est question de territoire encore, de fief, de compromission, de transfert de voix, de population manipulable et de prédictions superstitieuses. Je me retrouve un peu perdu dans ce paysage vallonné, balladé de village en bourg, comme dans un étrange moyen-âge ou ces gens s’arrogent une supériorité qu’ils espèrent « de nature » et pourtant complètement arbitraire et malheureusement pour eux, encore virtuelle. Je suis en compagnie de représentants d’un parti démocratique des plus honorables qui offrent le resto a un de leur ennemi héréditaire. En fait, je ne suis pas vraiment un « ennemi » comme eux l’entendraient, même pas un opposant, surtout pas, mais en tant que l’une de leurs potentielles victimes naturelles, mes sens restent en alerte. Mais je me garde inutilement. Enflés d’orgueil et naïfs par bêtise, ils sont aveugle ce jour-là a tout ce qui n’est pas « jeu de pouvoir ».
Bientôt les élections et comme le vent ils auront tous changé de parti. Et bientôt aussi, ils auront des doutes sur moi, et leurs esprits malades, saturés d’alcool mêlé de prozac, m’inventeront comme espion du parti d’en face à défaut de comprendre mes réticences à collaborer.
Le fascisme naturel ne se dévoile que dans l’intimité, au gré de confidences involontaires obscènes ou dans les situations extrêmes ou les choix deviennent instinctifs et que les tabous de langages sautent. »