Voilà donc les parents de ma grand-mère paternelle :
- Maria Magdalena Kuntz, née Merfeld,
- et Ludwig Kuntz…
Mais… « Mais, me dit-on, il s’appelait Louis ! ». Oui, Ludwig donc, Ludwig/Louis, qui savait bien l’arbitraire des frontières, puisque l’une dansait autour de lui, un coup à gauche, un coup à droite, et qu’il voyageait transnational sans bouger d’un pouce.
Je le retrouve là dans l’armée allemande, avec casque et masque à gaz, ici blessé sur une photo de l’hôpital militaire de « Saarbrucken ». Et je vois pour la première fois des photographies de cette première grande guerre dont j’avais eu des histoires.
Oui, qui sont ces gens ?
Et qui suis-je, à ce bout là ?
Marie Madeleine
Je découvre le prénom incroyable chargé de cet arrière grand-mère, que j’aurais croisé paraît-il sans en avoir de véritable souvenir. Elle était une petite vieille fripée et gentille, apparemment. Elle avait traversé le siècle et deux guerres. Pourtant, de légende familiale, j’avais un lien particulier avec elle, et ne répondait que lorsqu’elle m’interpellait en allemand. Je découvre ces gens, et d’autres, sans trop savoir ce que ça fait ou ne fait pas. Chaque photographie est une énigme supplémentaire, une interrogation qui s’ajoute au trouble de l’identité dont je souffre… non, souffrir n’est pas le mot, mais qui est une particularité de ma personnalité « sans terroir ».
Hier, ma mère qui l’a un peu plus connue que moi : «Elle était d’une grande (au sens large) famille… Merchel… Merfeld ! Ils avaient des métiers itinérants…» «Des gitans ?» «Oui comme ça…»
Je n’en saurais pas plus. Marie Madeleine Merfeld, mère de ma grand-mère, qui perdra deux fils et une fille prématurément, sans qu’il n’en paraisse rien. Je n’ai jamais vu non plus ma grand-mère paternelle exprimer quelque chose qui ressemblerait à du vague à l’âme pour cette fratrie décimée par la guerre et la maladie.
Je ne savais pas. Je découvre des morts et des décombres, des vies déplacées, des destins brassés, et des caractères à toute épreuve, inflexiblement droits, gentils et résolument optimistes.
La petite maison en bois | BONOBO.NET
[…] sombres peuplées d’ombres inquiétantes, m’avait emporté loin jusqu’à cette arrière-grand-mère exotique qui y vivait maintenant seule et […]