Petit soir
La façade d’en face me dit comment le soleil se couche.
Carnet d'Alain François — ISSN 2823-8141 — 1999-2024 photos, livres, arts, humeurs
La façade d’en face me dit comment le soleil se couche.
J’ai vu ces algues. Longues et souples. J’ai voulu en être, bouger comme ça, sans lutter. Vibrer des courants, des houles, des reflux.
Arpenter la ville à grandes enjambées. Se glisser dans cette nouvelle lumière, dans cet air léger, et se sentir fermement tenu, à chaque pas, par une source lointaine, ténue, mais persistante de force morale. Arpenter. Arpenter et sourire. Arpenter et sourire, se préparer à affronter.
Oui, c’est vrai, qu’est-ce que tu me fais là ? Tu veux pas survivre à ton père, c’est ça ? Qu’est-ce que tu me fais ? Tu veux te la jouer Paul en second ? Oui, c’est vrai, les mecs de cette famille sont infantiles. Mais c’est pas une raison pour pas survivre à son … Continue reading Qu’est-ce que tu me fais, mon père ?
Le dimanche 3 février 2013, le dessinateur Willem devenait le 41e président du Festival international de la Bande dessinée d’Angoulême.
Nous étions sur une colline. En bas, ce mariage gigantesque. Je ne connaissais pas ces filles. Nous étions au faîte du paysage, terre rase et seule perspective du chemin. Nous étions là, cernés par la chaleur d’août. L’orage soudain, goutes énormes qui nous trempent jusqu’aux os et réflexe de fuite. Comme parfois on se perd … Continue reading Courir
Je voulais, dans le blog d’avant, faire le compte de mes petits crimes. Puisque parfois de petites hontes m’avaient accompagné des années. Je trouvais ça fécond, de fouiller de ce côté-ci, de donner du corps à la culpabilité. Je voulais énumérer, froidement, ces hontes dont je me souvenais… Comme une confession, mais sans confesseur. Une manière … Continue reading suis-je coupable ?
Quand le rail te mène au mur… Je veux de nouveau ouvrir ma vie. Donc, me débarrasser méticuleusement de mes entraves. Et ne pas avoir peur du vide. Parce qu’évidemment, nous sommes si bien dans la servitude, si douillettement enfoncée dans nos habitudes, que le moindre changement fait peur. Avec l’obligation, peut-être, horreur des horreurs, … Continue reading Eros et rail
Je devais publier le dernier billet de mon enfer. C’était un billet clef, qui éclairait et clôturait un cycle d’écriture. C’était le billet qui disait les choses, sans détour, qui parlait de la dépression, qui disait le mot, déjà, qui transformait des symptômes en anecdotes, qui rapportait des dialogues intimes et osait enfin des confidences… … Continue reading Clôt
Dans la piscine, ce matin, dans la piscine, je me demandais depuis combien d’années je n’avais pas nagé… et je me suis promis que le prochain billet parlerait du corps. De mon corps. Mais en même temps, je me rendais bien compte que faire ça, ça voulait dire dévoiler plus que ce que j’ai fait … Continue reading Crise du corps
Le seul qui m’importe ici est le temps de notre corps. C’est celui-ci qui nous enseigne les choses les plus surprenantes. De celles si intimes, si inextricables, qu’on arrive pas à enseigner, dont il est si dur de parler. Ce temps n’est pas linéaire. Il n’est pas homogène. C’est le temps de notre vie, qui nous … Continue reading le temps
Le monde est un caillou sublime, mortellement froid et dur. Un morceau de roche affolée qui fend un bout d’espace paumé. Un astre détaché qui ne se préoccupe de rien. Comme le reste de l’univers. Nous sommes dessus, perdus, les genoux écorchés par ce sol insensible et la tête ailleurs, noyée dans une masse informe … Continue reading Comment je vois le monde
Je suis un immense courant d’air qui monte de mes abîmes. Au bord, pris de vertige. je tend ma main derrière, cherchant à m’assurer, cherchant… Je me rends brusquement compte que l’archiviste, c’est moi. Ce gardien du pont, du passage, des ponts de Rome, encore. Franchement, ils auraient pu rêver mieux, comme archiviste… Pas sérieux… Mais … Continue reading Vertige
Je ne pensais pas, en nommant ce blog, qu’il serait le lieu de résurgence d’un refoulé de ce genre… Toute cette quincaillerie bigote que je croyais définitivement noyée dans une grosse couche de « culture supérieure »… Si j’avais su… En même temps, la fréquentation de Culture visuelle devait bien avoir des conséquences de ce … Continue reading Refermons le couvercle…
« Simon le Roc délivré par l’ange », ce n’est pas le titre d’une bande dessinée, mais le renommage sauvage et vaguement étymologique de « Délivrance de Saint-Pierre », un tableau médiocre représentant l’épisode de Saint-Pierre vieux, prisonnier à Rome (y-a polémique, mais on s’en fout), qui s’évade, fuit et croise Jésus sur la Via Appia qui lui intime de … Continue reading Simon le Roc
Je fais le malin…. mais je suis paumé. L’impression de passer de deuil en deuil depuis quelque temps. Et j’arrive à faire rire mes camarades, encore… même s’ils ne voient pas, tout à leurs rires, que la blague, cachée derrière mon écran, ne m’a pas déridé. Je dois à Philip Roth, je ne sais quand … Continue reading Encore un effort
Je lui dois tout. Je lui dois mon nom, puisque les orphelins sont des fondateurs. J’ai le trac, Paul. Je peux t’appeler Paul ? Hein ? Parce qu’en fait, on ne s’est presque jamais parlé, hein, tous les deux… Juste quelques mots. Et qu’est-ce que je sais de toi ? Tu n’étais pas vraiment bavard. Je ne t’ai … Continue reading à Paul
C’était il y a si longtemps… C’était l’été 2012, quelques amis nouveaux ou anciens étaient venus pour briser mes chaines. Ils sont passés comme on passe au cachot voir un parent malchanceux. « Que fais-tu là ? » m’ont-ils dit, en m’offrant à manger. Mais dans le pain, une clef. En me prenant par la main, avec une … Continue reading Sauve-toi, écris !
L’expérience, c’est savoir qu’une chose qui fait souffrir et même provoque folie passagère est en fait une bonne chose. S’y abandonner. Savoir, pour l’avoir déjà vécu. C’est aussi une nuance très particulière de tristesse à savoir ce qu’on va y perdre, ce qui va disparaitre de soi, que cette chose soit vive ou pas. On … Continue reading L’expérience
Dans la nuit, le casque sur les oreilles, avec au bout des mains l’ipad en équilibre et les doigts libres qui glissent si bizarrement sur son écran, réinventant la frappe brusquement mal nommée… La glisse ? Caresse, plutôt. Tapotis et caresse. Les mots naissent d’une danse nouvelle. Luminosité au minimum. Minimum pas assez minimum, peut-être seul … Continue reading Donc, la ruche