Le conte
Je pense avec tristesse au pantin que j’envoie chaque matin à la guerre. Chacun de ses gestes, chacune de ses paroles devrait me faire mourir de honte.
Carnet d'Alain François — ISSN 2823-8141 — 1999-2024 photos, livres, arts, humeurs
Je pense avec tristesse au pantin que j’envoie chaque matin à la guerre. Chacun de ses gestes, chacune de ses paroles devrait me faire mourir de honte.
Non, je n’ai aucune compréhension, aucune compassion pour l’ignoble faiblesse des lâches qui s’abandonnent aujourd’hui avec une volupté sale aux compulsives crispations de haine de leurs mâchoires bestiales. Mais je ne suis pas de ces commentateurs perplexes qui se perdent en conjecture à chaque retour de vague. Je les connais. Je les connais depuis toujours. … Continue reading terminus mal
Ça revient ? C’est ça ? Avant, jusqu’à quoi ? Trente ans ? Confiance absolue et puissance vitale. La parole haute. Ensuite, l’animal piégé, tournant en rond dans sa cage. Transformé en rampant. Et aujourd’hui. Là. Je me suis vu comme un mammifère marin plongé dans des fonds noirs, en lente parabole, avant de remonter, péniblement, et d’émerger, enfin, … Continue reading Ithyphallique
Je n’ai jamais osé aborder le cœur du malentendu. Pourtant, le mot traverse parfois, mais passe vite, occulté par la culpabilité sociale. Chaque vie trace sa petite route, c’est bien comme ça. Ce qui est pris comme une injustice par l’adolescence devient vite, avec la maturité, une bénédiction. Nous ne nous comprenons pas, et tant … Continue reading Ne plus être neuf
Dans la nuit, j’ai sorti Pessoa de sa planque, derrière un tas de livres… M’énervais qu’il soit pas accessible. J’ai mis à la place, très provisoirement, dans l’espace libre impossible à gaspiller, le premier tome de L’homme sans qualité. Très provisoirement. Mais le provisoire, dans une bibliothèque… Pourquoi désirer Pessoa, ici et maintenant ? Pour espérer … Continue reading Bas
Il est difficile pour moi de comprendre l’irrépressible désir de trouver sa communauté, son groupe, son appartenance, et au final son combat… La chose la plus précieuse, celle qui fonde notre condition, la solitude de l’être, représente pour certains le cœur de leur douleur et le point d’ancrage de toutes leurs frustrations… Ce désir de … Continue reading Assassin
Maintenant, je me sens obligé à l’ésotérisme, alors que le goût m’en est passé depuis longtemps, peut-être une quinzaine d’années. Et c’est comme si je me trouvais contraint par le contexte (sic !) de confirmer l’hypothèse Straussiennes d’une écriture volontairement fermée. J’ai toujours eu un goût pour les jeux d’évocations et les inextricables entrelacs hypertextuels, mais … Continue reading Langue des oiseaux
En cette période électorale, il est amusant d’observer le gars au pouvoir, qui tente de le garder tout en sentant qu’il risque lui échapper, juste parce que le pouvoir s’use, et qui tente tout à la fois de s’en sortir et de se rassurer. C’est très étrange. Ce n’est pas le regard de Gbagbo piégé … Continue reading Le regard du pouvoir
C’est sans doute la période… mais j’avais envie de faire un petit cadeau à mes camarades cinéphiles, qui avec un sens du sacrifice admirable ne ratent aucun épisode des méca-machins moitiés rouillés qui se transforment à volonté… Non, pas ces Barbapapas remis il y a quelque temps au goût des bébés du jour, mais ces … Continue reading Naissance du divin robot
Je ne sais plus exactement quand ce souvenir d’un vieux rêve d’enfance récurrent s’est progressivement mélangé avec l’un des plus beaux épisodes de « The Avengers » ( Chapeau melon et bottes de cuir S04 E23 — L’héritage diabolique ). Ce n’était pas un vrai mélange, pas une confusion, mais plutôt une association d’idées comme … Continue reading Ma maison piège
Plus de 6 milliards ! Plus de 6 milliards de petits bouts de lorgnette, de stratégies personnelles. Gloire de mon espèce.
C’était il y a quelques années, en 2006 je crois… Nous terminions une longue nuit dans l’ancien appartement de Jean-Pierre Mourey. Et je ne sais plus comment la conversation avait échoué là, sur les œuvres de fiction qui nous ont imprégnées et après lesquelles on peut courir pendant des années. Et parmi mes chimères mémorielles, … Continue reading « L’invention de Gallica » de Jorge Luis Casares
J’aime que mon chemin soit perturbé
Je ne suis rien d’autre qu’un genre mal formé d’Œdipa Mass, guettant les coïncidences pour en faire des canevas. La superstition est surement le mouvement le plus fort, le plus irrépressible de l’esprit. Les petites choses qui carambolent chaque jour construisent le récit autoritaire. Contre vent démolisseur et marée broyeuse, l’esprit rapproche, assemble, fusionne et … Continue reading Dans la tempête
Je me souviens de ce moment où j’ai interrompu ma lecture, cette longue et unique lecture entreprise quelque part au moment du début. Cette première interruption, car longtemps après j’avais fini par identifier l’origine de ce tarissement soudain en imaginant que je vivais alors, par les hasards de la vie, dans l’un de ces romans … Continue reading Réminiscences
Ma vie court après plusieurs lièvres à la fois. J’en reste affamé. Et en même temps j’évoque un héritage que j’ai abandonné car je n’ai aucune envie, ou possibilité, de tuer une bestiole, aussi allergène soit-elle… Mais comment choisir, quand on est régi par ses nerfs, et que ces saletés partent toutes d’un bond puissant … Continue reading Chasse et course
L’expression de Laurent Gbagbo, aux arrêts dans une chambre d’hôtel, est un pur mystère. Il semble en fait avoir perdu toute contenance, comme tous les visages de chef de l’État déchu que nous avons vus ces dernières années, et chaque fois, et ici, en parcourant les journaux en ligne hier, je m’interroge… En effet, pourquoi … Continue reading hagard
Dans mon ciel se dessine une ligne blanche fine droite et tranchante. Cette ligne n’est pas à mon échelle. Elle passe haute coupant le monde traversant une chaine de montagnes et la méditerranée. Elle est la trace élégante d’une autre géographie. Ici, à mes pieds, mon monde d’ennui, de paix grise et douce, de mort … Continue reading Dans mon ciel
Je ne devrais jamais oublier la seule véritable aspiration. Même si elle a été très longtemps illisible à mes propres yeux. Cette aspiration est celle-là : ne plus être victime de sa propre vie. Mais aujourd’hui, là, dans un moment heureusement indéterminé de ma vie, combien de fois ai-je cru enfin sortir la tête de l’eau, … Continue reading 31 décembre 2010
[ Cet article était initialement sur le portail Culture Visuelle, et feu OWNI, éphémère et superbe expérience journalistique.] Attention : page très légèrement, mais vraiment très légèrement misanthrope… Croyez-moi, le problème de tous ces gens numériquement connecté entre eux, c’est qu’ils ne se croisent plus, il n’y a plus de convivialité, plus de contact « humain », une … Continue reading Divagation sur un balcon et ces pauvres gens qui ne se croisent plus…